Libérer le potentiel de création de valeur de chacun
grâce à une approche entrepreneuriale du développement des carrières et des talents.

Les entreprises et les individus partagent la même nécessité de délivrer de la valeur dans le contexte d’incertitude de notre monde en mutation. Et le souhait des individus est de s’investir dans des activités qui ont du sens pour eux.

L’engagement fort et volontaire dans une activité en accord avec ses valeurs, dans le but de réaliser quelque chose d’exigeant et d’important pour soi en mobilisant ses compétences, est un moyen de donner du sens à son quotidien et de se construire une vie épanouissante.

Dans ce contexte, je considère qu’il est primordial d’aider les hommes et les femmes à augmenter leur pouvoir d’agir à l’intérieur et à l’extérieur des organisations en développant l’état d’esprit et les compétences pour créer de la valeur en misant sur leur singularité.

J’ai conçu et travaille actuellement au développement et à la diffusion d’une approche entrepreneuriale de la carrière inspirée par la logique effectuale (appelée aussi effectuation). Ceci afin d’aider les individus à créer de la valeur en exprimant qui ils sont.

L’Approche Centrée sur l’Action Créatrice de Valeur est une approche entrepreneuriale de la carrière qui compose un cadre théorique et pratique pour penser, développer et accompagner les carrières dans le contexte d’incertitude de notre monde en mutation. Elle repose sur une idée simple : l’avenir professionnel ne se trouve pas, il se crée.

Inspirée par la logique effectuale, cette approche aide à embrasser l’incertitude et à la transformer en opportunités. Il ne s’agit donc pas nécessairement de devenir entrepreneur au sens classique, mais bien d’adopter un état d’esprit entrepreneurial, entendu comme une manière d’agir dans le monde et d’aborder sa carrière.

Dans un environnement en changement permanent, il est crucial de prendre l’initiative. Plutôt que de s’adapter passivement aux transformations, cette approche invite les individus à devenir entrepreneurs de leur carrière et à construire activement leur place en valorisant la richesse de leur parcours unique et en la transformant en opportunités concrètes d’évolution. Cela implique un passage déterminant d’une posture adaptative à une posture créative, où chaque individu devient un créateur de valeur à la fois pour lui-même et pour son environnement.

En abolissant la frontière entre salarié et entrepreneur, l’Approche Centrée sur l’Action Créatrice de Valeur encourage l’hybridation des rôles. Que les individus souhaitent enrichir leur travail actuel ou en changer, se reconvertir, lancer des projets en interne ou créer leur propre entreprise, l’Approche Centrée sur l’Action Créatrice de Valeur les aide à révéler la richesse de leur parcours unique et leur potentiel de création de valeur.

Le Value Creating Action Canvas® est l’outil qui constitue le coeur de l’approche et permet sa mise en pratique. Il facilite le design d’une stratégie d’action créatrice de valeur qui vise l’identification de la valeur singulière que chacun peut créer en partant à la rencontre des besoins du monde grâce à ce qui le rend unique.

Enfin, en s’engageant dans des projets alignés avec leurs valeurs personnelles, les individus génèrent non seulement de la valeur économique, mais également du sens. Cette approche leur permet non seulement de créer des revenus, mais aussi de faire émerger des solutions nouvelles, avec l’ambition d’avoir un impact significatif, pour eux-mêmes et pour la société.

Valoriser la singularité grâce aux compétences entrepreneuriales de carrière

Approche Centrée sur l’Action Créatrice de Valeur

J’ai notamment eu l’occasion d’initier à l’utilisation du Value Creating Action Canvas lors d’une formation dans le cadre du séminaire entrepreneurial du MAS Management, Ressources Humaines et Gestion des Carrières de l’Université de Genève en 2023. J’ai également animé la même année un atelier d’initiation à son utilisation pour un public de professionnels de l’orientation dans le cadre d’une journée centrée sur la psychologie de l’orientation et les durabilités organisée par le Centre de recherche en psychologie du conseil et de l’orientation (CePCO) de l’Université de Lausanne.

Bouleversements technologiques

Changement de la relation individus-entreprises

Les évolutions technologiques et les multiples transformations qui les accompagnent à partir du milieu des années 1970 ont changé le rapport qu’entretiennent individus et entreprises (Brynjolfsson & McAfee, 2014; Degryse, 2016; Marchesnay, 2004; Valenduc & Vendramin, 2016).

Transformation de la chaîne de valeur

Eclosion de nouveaux modèles économiques

Après une redistribution de la valeur entre pays industrialisés et émergents d’Asie, opérée dès le début des années 1990 par la mondialisation, c’est la révolution numérique qui caractérise ce quatrième mouvement de transformation et qui poursuit les changements amorcés dans l’économie en plaçant le consommateur au cœur de la chaîne de valeur. Ce déplacement induit alors l’éclosion de nouveaux modèles économiques qui profitent de la dématérialisation des échanges via les réseaux et reposent sur de sérieux avantages tels que les rendements croissants et les communautés d’utilisateurs—eux-mêmes créateurs de valeur (Vadcar & Biacabe, 2017; Verdier & Colin, 2012).

Renouvèlement de l’entrepreneuriat

Combinaison et valorisation de ressources singulières

Selon Marchesnay (2004, 2014), ces changements dans la chaîne de création de valeur induits par les bouleversements technologiques, participent notamment à la remise en cause de l’idée de la supériorité des grandes entreprises par rapport aux plus petites. Ce faisant, ces transformations appellent un renouvèlement de l’entrepreneuriat dans des structures réduites, individualisées, nomades et en réseau.

Ces entrepreneur·euse·s d’un nouveau genre créent de nouveaux marchés sur lesquels ils font progresser leur activité artisanale, industrielle ou de service et s’y distinguent en combinant et en valorisant de façon unique des ressources a priori universelles, voire banales lorsqu’elles sont isolées (Marchesnay, 2004).

L’activité de ces entrepreneur·euse·s repose ainsi toujours davantage sur des compétences et des savoirs fortement individualisés qui se combinent de multiples manières (Marchesnay, 2004). Singularité, créativité et flexibilité sont désormais les atouts clés et deviennent la base du développement économique et du progrès social.

Les possibilités de création de nouvelles formes d’entreprise se multiplient d’autant plus que les nouvelles technologies du numérique contribuent à abaisser les barrières à entreprendre (Sahlman, 1999).

Transformation de la carrière individuelle

Importance grandissante de l’auto-gestion de carrière

Constituée d’un ensemble d’expériences professionnelles et de transitions multiformes, la carrière dépasse les contours de l’organisation et prend en compte les mutations au sein de l’environnement (voir la « carrière sans frontière » ou
« boundaryless career » ; Arthur, 2014; Arthur & Rousseau, 1996). Face à l’insécurité du travail et aux exigences de flexibilité, des formes émergentes de carrière impliquant de nouvelles compétences et faisant toujours davantage appel à l’autogestion se développent (Hirschi, 2018).

Augmenter les capacités d’adaptation et le pouvoir d’agir des individus s’avère primordial (Savickas et al., 2010) d’autant plus que les préoccupations de sens constituent désormais une composante centrale des questionnements liés à la carrière et à son accompagnement (Bernaud, 2016).

Hybridation des formes du salariat et de l’indépendance

Changement dans l’espace de création de valeur

Cette économie numérique qui redessine les contours de l’entrepreneuriat en donnant accès au monde entier depuis chez soi, change aussi la manière dont les individus créent et proposent de la valeur via leur capacité de travail en hybridant les formes du salariat et de l’indépendance (Coste, 2011, 2018).

Automatisation intelligente et singularité humaine augmentée

L’IA comme levier d’amplification de sa propre valeur ajoutée

L’intelligence artificielle transforme en profondeur les dynamiques du travail et de la création de valeur en prenant en charge certaines tâches cognitives, démultipliant ainsi l’analyse et la production (Brynjolfsson & McAfee, 2017). Selon Ford (2021), l‘IA pourrait remplacer à terme non seulement les emplois manuels mais aussi de nombreux emplois intellectuels, menant potentiellement à un chômage massif. À des degrés divers, des bouleversements dans le travail et l’emploi se déroulent déjà sous nos yeux dans certains secteurs d’activité et de nombreux travailleurs jusqu’ici préservés observent la menace croître. La question de la destruction de l’emploi par l’IA alimente le débat entre techno-pessimistes et techno-optimistes, comme ce fut déjà le cas avec l’automatisation.

Sur un plan individuel, le déploiement massif de l’IA transforme en profondeur la manière dont les tâches analytiques et créatives sont réalisées. L’IA permet à chacun de décupler sa capacité à créer et à délivrer de la valeur. Dans ce contexte, l’enjeu devient d’intégrer l’IA, sous ses multiples formes, de façon singulière et stratégique, pour en faire un levier d’amplification de sa propre valeur ajoutée — et ainsi faire émerger une « singularité humaine augmentée ». La démarche s’inscrit pleinement dans ce que le sociologue Andreas Reckwitz (2021) appelle la “société de la singularité”, où la valeur se construit de plus en plus autour de l’originalité et de la capacité à se distinguer. Ce qui ne va pas sans s’accompagner d’une forte pression psychologique, les individus devant sans cesse prouver leur créativité ou leur authenticité.

Contexte de bouleversements écologiques

Construire une carrière et travailler dans un monde en surchauffe

Le réchauffement climatique transforme déjà nos conditions de travail. Une catégorie croissante de professionnels, parfois qualifiés de cols chaud – hot collars en anglais, exerce dans des environnements de plus en plus hostiles – agriculture, construction, logistique, maintenance, ou encore secteur de l’énergie. À mesure que les températures augmentent, ces métiers qui s’exercent souvent en extérieur, deviennent physiquement plus exigeants et nécessitent des adaptations : pauses plus fréquentes, équipements adaptés, réorganisation des horaires (Kjellstrom et al., 2009).

Mais ces bouleversements dépassent la seule question des conditions de travail. Ils affectent aussi l’attractivité des métiers et deviennent un facteur structurant des trajectoires professionnelles.

Dans ce contexte, la psychologie de l’orientation intègre désormais ces enjeux. Des travaux de recherche (voir par exemple Plant, 2014 ; Guichard, 2015 ; Pouyaud et al., 2017 ; Masdonati & Rossier, 2021 ; Bonzon & Rochat, 2022) soulignent l’importance de penser l’orientation et le développement des carrières dans une perspective durable.